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Madame Gena Rowlands (1930-2024), la beauté de l'âme


Il y a des actrices qui ont besoin de metteur en seins. La beauté de l'âne.

Beaucoup ne font que monter sur scène. Elles n'ont aucune personnalité ou alors celle d'un porte-manteau. On ne ressent rien. Une inconnue dans la rue nous touche plus.

Peu entrent sur scène, sauf Arletty, Bette Davis, Anna Magnani, Shelley Winters, Simone Signoret, Annie Girardot... Et bien sûr Gena Rowlands. On peut rajouter M. Dietrich, Garbo et Brooks.

Toutes les autres peuvent aller se rhabiller.

Fait frappant: quand Girardot remercia la salle des Césars, celles qui la regardaient ont pris conscience qu'elles n'étaient que des seconds rôles.

Il y a celles qui jouent à l'artiste. Et puis celles qui sont artistes. La beauté de l'âme.

Gena Rowlands appartient au clan très fermé des comédiennes géniales.

Belle comme Grace Kelly. Oui, mais sans l'aspect gravure de mode.

Le feu couve chez Rowlands.

Elle donnait tout. Inventive, surtout pleine de grâce.

De l'humour, et du désespoir.

Elle disait: "Quand je dois tourner des scènes d'amour avec des embrassades, je mange de l'ail". Cela nous change des discussions insipides des prétentieuses.

En France, les actrices ne sont que des vieilles petites filles. Elles n'ont rien dans le ventre.

Elles ont bonne presse car elles sont toutes de gauche, même celles qui descendent dans des quatre étoiles. Les journalistes fantasment sur elles.

Pour qu'une comédienne se révèle grandiose, il faut qu'elle rencontre une camera, un regard qui sait la voir.

Pour Gena Rowlands ce fut John Cassavetes. Un couple bien plus beau que Beauvoir-Sartre, association pour Paris Match.

Couple à l'écran, couple à la ville.

Sept films, trois enfants. Ou plutôt trois enfants, sept films.

Ils ont refusé le star-system qui leur tendait les bras, pour éviter de doublonner Taylor-Burton.

Ils ont tourné des films chez eux, entremêlant la fiction et le réel à n'en plus finir.

Un jour André S. Labarthe, une esthète du 7e Art, est venu sonner à leur porte mais avant il ramassa quelques bobines de films sur le gazon. John Cassavetes ouvrit la porte et vit un inconnu qui avait rembobiné la pellicule jetée dehors par Gena Rowlands lors d'une dispute coutumière mais passagère, et sans conséquence. Après leur première rencontre, Cassavetes demandera à tous les Français qu'il croise: "Comment va André ?" Comme on dit: "Comment va Paris ou l'Arc de Triomphe ?"

Gloria fut un succès mais Cassavetes n'aima pas ce film: une commande pour faire de l'argent.

Dans un de ses chefs d'oeuvre, Cassavetes laisse son jeune fils à l'hôtel pour passer la nuit sans son père et lui dit : "Tu verras quand tu seras grand. Les adultes ne peuvent pas dormir seul". Cela est plus important que toutes les explications tordues des psychanalystes.

A présent toute la galaxie Cassavetes est au cimetière : John, Gena, Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel. Une hécatombe !

A conseiller: Husbands, le plus grand film du monde sur l'amitié.

Faces, pour voir la façon de filmer de Cassavetes. Il s'attache aux visages. Fulgurant !

Cassavetes, Gena, leurs amis, sont des amis qui m'accompagnent sa cesse.

Un jour, par hasard, en plein été, à la Contrescarpe, je vois l'affiche de Husbands, j'entre et vois le film dont je n'avais jamais entendu parler. Je ne connaissais pas plus Cassavetes. Plus jamais je ne me suis senti seul. Même si ce n'est qu'un sentiment, c'est beaucoup.

En 2024 que voit-on une en France? Adriana Karembeu-Marc Lavoine.

Le règne de la pipolade. Faut pas confondre artistes et promoteurs de spectacles.







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