Il y a un siècle l'affiche était toute simple. Rien à voir avec celle de 2024 qui à force de tout mettre en évidence cache l'essentiel: le sport. Si les J.O. étaient respectés, il y aurait une cessation des combats sur toute la planète. On en est loin très loin. Ce n'est qu'une foire politique, une de plus. Le président des J.O. français est une ancienne gloire de canoë-kayak, un sport qui ne déclenche pas de ola. Les J.O sont essentiellement de l'athlétisme. Tout le reste appartient au folklore. Pour attirer les jeunes on y a mis la breakdance. La jeunesse joue aussi à la pétanque, alors elle devrait y être, haut la main. Marie-José Pérec reste notre plus grande championne olympique. C'est elle que l'on devrait partout. Les médias ne parlent que: "des Jeux qui doivent être une vitrine pour la France" ainsi de suite. Non, les J.O ne sont que du sport, et surtout pas de la récupération politique comme aux plus sombres heures de l'Europe. Si on assiste à cette dérive économico-politique c'est pour cacher la faiblesse de l'athlétisme français. Pour masquer cette Bérézina de la piste, ils nous préviennent que "Titi" Henry voudrait que la France aligne dans le tournoi de football Giroud, Griezmann et Mbappé. Une galaxie de professionnels millionnaires au pays de l'astre Mimoun. Ce tournoi ne signifie plus rien depuis l'invention de la Coupe du monde en 1930. Auparavant il était la référence mondiale. Les J.O sont désormais une kermesse commerciale. Plus rien à voir avec le bel esprit amateur. Quant à la cérémonie d'ouverture, il est question d'honorer aussi Edith Piaf: Chimène Badi s'impose puisqu'elle vient d'enregistrer un album hommage à la plus grande chanteuse française.
Les quatre pages photos du livre sont illuminés par le sourire éclatant de Karine Ruby (1978-2009) qui était vraiment lumineuse. Le visage de la première championne olympique de snowboard (1998) est celui d’une jeune femme qui dévorait la vie. Le charisme de la jeune femme, six fois championne du monde de sa spécialité, est toujours perceptible sur ces portraits qui font d’elle un James Dean au féminin. On retrouve aussi toute sa vitalité dans le récit de Rémy Fière qui semble avoir eu rendez-vous avec la disparu tant elle est présente dans son mélange de grammaire et d’émotion. Hélas ! l’héroïne a perdu la vie dans la montagne lors d’une sortie qui devait contribuer à la rendre guide de la compagnie de Chamonix. Son biographie est allé interroger les proches de la championne avec un grand tact, en dehors du pathos. Karine Ruby est restituée dans toute sa splendeur. Quelle jeune femme merveilleuse ! Elle avait la vie devant elle. Son appétit de vivre n’a pas été récompensé. On ne peut pas faire le deuil d’un tel être humain. On aimerait la savoir encore marcher dans la neige. On entend le bruit de ses pas dans la poudreuse, un bruit qui ressemble à celui d’un cheval qui mange un morceau de sucre, comme l’a dit Jean Cocteau. Tendait l’oreille et vous l’entendrez ce grunch, grunch, grunch. La pudeur de Remy Fière épouse parfaitement le destin de Karine Ruby en accord parfait avec la page blanche, la neige des écrivains.
-Karine Ruby. Sur les traces d’une étoile. Rémy Fière. Préface de Gilles Chappaz, Editions des Bouquins, 172 p., 18, 50 €
L’Equipe a fouillé dans ses archives pour présenter 100 ans de Jeux 1924-2024. Un album blanc, comme celui des Beatles, qui fait l’impasse sur les débuts du renouveau olympique, des temps modernes, à partir de 1896, avec des articles qui remontent à chaque époque évoquée. Exit le marathonien Spyridon en tenue grecque folklorique mais place à la couleur, sans oublier le noir & blanc. On y voit Florence Griffith-Joyner, météore flèche humaine sur 100-200 m en 1988, avec des muscles de robot mais quand même encensée par le glorieux Robert Parienté, sur piste et sur page. En ce temps-là, la chasse au Lance Armstrong n’était pas de mise. Certes Ben Johnson n’a pas sauté de joie longtemps. Il s’est fait pincer quand d’autres courent encore sur le palmarès. Le dopage existait déjà sous l’Antiquité. Tous les champions majeurs sont dans cette bible olympique, kaléidoscope de nos vies. Qui n’aime pas le sport passe à côté de la joie ou de la désillusion, donc de la vie. Les plus anciens lecteurs retrouvent leur jeunesse, et les plus jeunes se confrontent à l’Histoire et aussi à la politique, avec évidemment les dates sombres de 1936 et 1972. Bien sûr, il y a aussi des sportifs très médiatiques, comme Manaudou (le frère, pas Laure) dont les exploits sur nage libre ne pèsent pas lourd face à ceux de Mark Spitz. Un autre nageur français est maintenu dans les annales olympiques alors qu’il s’est distingué dans les pages faits-divers, tout comme un handballeur tricolore. L’éthique est à géométrie variable. Les produits stupéfiants ont moins bonne publicité que les parties de jambes en l’air malvenues et les paris truqués. Et que dire des louanges sur des compétiteurs surpayés. Ladoumègue doit se retourner dans sa tombe. Qu'importe ! la foulée de « Julot » est toujours en activité dans les cœurs des passionnés des vrais sportifs, et non pas des ambassadeurs d’eux-mêmes drapés dans l’olympisme professionnel. Ladoumègue a touché des dessous de table. On l’a mis à l’index. D’autres courent encore les cocktails ministériels. Le sport ça peut rapporter gros si l’on sait naviguer entre les portiques du pouvoir, on peut y finir ministre après avoir été une tenniswomen des etc… A propos d’index, l’album a répertorié tous les médaillés olympiques français, or, argent et bronze. L’ouvrage fait presque 34 X 25 cm. Prévoir une grande bibliothèque ou une place de choix sur la table du salon pour en mettre plein la vue aux amis. Et n'oubliez pas: quand on aime le sport, on s'ouvre aux autres. Tous les autres.
L’EQUIPE, 100 ans de Jeux, 1924-2024. Ouvrage réalisé par Pascal Glo. La partie archives a été effectuée par Laurence Gauthier. Textes additionnels de Clément Aubry et Jean-Christophe Bassignac. Iconographie : Stéphane Cabaret. Solar, 430 p., 37 €
Et aussi: Championnes, de l'Antiquité à nos jours. Ces femmes qui ont marqué l'histoire du sport. Eve Menu. L'Aube, 310 p., 22 €; Championnes, Laurie Delhostal et Cécile Grès. La Martinière, 192 p., 19,95 €., et Les fabuleux exploits des premières sportives, Mélina Gazsi. DBS, 224 p., 29, 90 €. Sans oublier, le hors-série de L'Equipe, Femmes. Jeux vous aiment. 48 p., 3, 50 €
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