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Hymne au Total Western (Séguier) de François Cérésa

Ce livre évoque les salles parisiennes de jadis. Les Niçois penseront, eux, au Pax de la rue de la République et au Cinéac de l'avenue de la Victoire. Les cinés de notre jeunesse.

Gâchettes.  Le romancier François Cérésa rend hommage aux cow-boys et aux Indiens en technicolor. Jadis on rêvait sur grand écran, pas sur smartphone.

Cet éloge du western est taillé pour les nostalgiques de La Dernière Séance, l’émission d’Eddy Mitchell, le rescapé des yéyés qui ne voit pas forcément un pénis quand Clint Eastwood brandit un colt dans un western spaghetti de Sergio Leone.

Pour la doxa tous les amateurs d’éperons et de vestes à franges sont des crétins. Désormais genre désuet, le western n’en reste pas moins un temps fort du 7e Art des années 1950-1960, époque où les petits garçons jouaient aux cow-boys et aux indiens avec l’accord des parents qui n’étaient pas culpabilisés parce qu’ils ne leur achetaient pas des poupées.

Une glace Milko chocolat-vanille à la main, tous ceux qui ont vu Rio Bravo (1959) de Howard Hawks, à sa sortie, ne sont pas allés ensuite dans une armurerie pour ressembler à John Wayne équipé d’une Winchester. Ils restaient sous le charme du crooner Dean Martin qui chantait  la ballade « My Ryfle, my Pony and Me ».

Toutes les pages de Total Western sont menées au galop comme dans les films de Robert Aldrich et de Sam Peckinpah. L’auteur de cet hymne à l’enfance donne des coups de fouet au langage, lance le lasso sur ceux qui se prennent au sérieux et dégaine son calibre dialectique pour  trucider les lieux communs.

Le narrateur chevauche le langage comme d’autres leur monture de rodéo : « Mon grand-père  avait un téléviseur Telefunken. Lourd comme un âne mort ».  

Les salles obscures où étaient projetées Johnny Guitare (1954) ont été remplacées par des supérettes.  

Les temps changent, sauf pour Cérésa qui n’a pas peur des mots.

Avec sa plume audiardisée.


-Total Western, François Cérésa. Séguier,143 p., 19 €

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