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Ben (1935-2024) s'est tiré

Ben et (ou est, dans le sens illustre) l'un de ses aphorismes en niçois: Va doucement, mais fais vite.

Balles neuves- en plein Open de France, porte d'Auteuil- Ben s'est foutu en l'air, à Saint-Pancrace, à Nice. Il s'est tiré, ne supportant pas la vie sans l'amour de sa vie.

Respect. Le suicide peut-être une solution, a dit René Crevel.

J'ai connu Ben dans sa boutique rue Tonduti de l'Escarène.

Sa façade était un collage d'objets hétéroclites.

Il vendait des disques d'occasion. On pouvait s'assoir sur des cuvettes de W-C.

On était dans les années 60, celles où je m'embêtais au lycée Masséna.

Quand j'allais voir les disques c'était pour le voir lui. Je n'achetais rien chez lui car je m'alimentais en twist au Nain Jaune sous les arcades qui longeaient la gare d'Autobus près la place Masséna. Dès que je sortais de sa boutique, il tapotait avec sa main sur mon ventre pour voir si je lui avais rien volé mais il le faisait dans un geste amical, genre : alors va ben la dauba !

J'aimais son accent, et son regard hyper perçant.

Longtemps après je suis allé chez lui à Saint-Pancrace parce que j'avais participé à un numéro d'Autrement consacré à la Riviera. Il disait: faut que je prépare une expo mais je ne sais pas quoi faire, manipulant divers objets qu'il avait accumulés.

Je m'aperçois que j'ai connu Ben et César.

Je vois Ben comme un dadaïste post Tzara. Un descendant de Duchamp. Dans une impasse puisque tout avait été fait et surtout pas fait !

Ben est un peintre qui s'est dit: la peinture après Picasso fait du surplace, alors autant vivre l'art au jour le jour, sans créer de manière précise mais en créant chaque jour. Il avait une idée par seconde. Il a peint avec un jet d'eau, bel happening. Il incarne la liberté totale.

César lui a mis en boîte... la société de consommation.

Les deux ont aimé Nice qui s'en souviendra.

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