La France gagne un match qu'elle aurait pu perdre. C'est la marque Deschamps. Son groupe vient d'enchaîner huit victoires de suite à l'extérieur, dont sept sans encaisser de but. Du jamais vu dans l'Histoire de la sélection nationale française.
Mercredi 31 mars 2021
3e journée de qualifications pour la WC 2022
Bosnie-Herzégovine 0-1 France
But des visiteurs: Griezmann (60e)
Classement Groupe D
1er France 7 points + 3
2e Ukraine 3 pts
3e Finlande 2 pts
4e Bosnie-Herzégovine 1 pts -1
5e Kazakhstan 1 pts -2
A la fin du match, Hugo Lloris a insisté pour dire que la France a mal joué mais gagner.
On connaît le Niçois: c'est un champion de l'humilité, cette école de la perfection.
Sa performance est aussi énorme que sa banalité en conférence de presse. Il a eu deux arrêts décisifs à 0-0 surtout le second. Un arrêt reflexe à bout portant sur sa ligne. Digne de Gordon Banks, l'ex banque d'Angleterre ! C'est le genre de sauvetage inouï que l'ex Aiglon faisait déjà quand il a débuté à l'OGCNice, et même avant d'y signer.
Sans Lloris, la Bosnie aurait mené 1-0. Voire 2-0.
Le capitaine des Bleus a donc dit que la France a mal joué. Non, ce n'est pas exact.
Sur les trois matchs qu'elle vient de disputer, ce fut le plus compliqué, juste devant celui du SDF contre l'Ukraine (1-1).
Les matchs à l'extérieur, la France n'a jamais su les gagner facilement, même au temps de Platini, comme joueur.
Contre la Bosnie d'un très bon niveau, les Français ont fait un match de résistants, c'est très beau à voir. Plier, courber, sans céder, c'est aussi beau que de marquer trois buts.
Au Kazakhstan, ce fut pitoyable parce que les Tricolores affrontaient des amateurs. Cependant, rien n'est facile, il suffit de voir l'Allemagne qui a perdu à domicile contre la Macédoine du Nord (1-2), dans un groupe où l'Arménie est en tête.
Ce 31 mars 2021, la France a joué le match-type parfait à l'extérieur : 0-1. Une victoire à l'arrachée, une victoire à l'Italienne. On vient, on marque et on s'en va.
A l'inverse de Domenech qui déteste le football italien, D. Deschamps adore le football italien. Son passage à la Juventus Turin a été déterminant dans la seconde partie de sa carrière. En Italie, on fait passer le résultat, le réalisme avant tout. En Italie, on use les adversaires par une tactique inlassable. Les joueurs sont des rochers où viennent se briser les vagues.
En 1982, contre la RFA, j'aurais tant aimé voir la France défendre comme celle de Deschamps. Parfois, il faut mettre le bleu de chauffe, et lui sait faire ça et surtout demander qu'on le fasse. La Bosnie est une très bonne équipe avec de superbes joueurs que l'on connaît et apprécie.
J'ai aimé ce match contre la Bosnie car Deschamps parvient bien à préparer ses joueurs pour la lutte, à ne rien lâcher. A 90 % ça marche, mais attention lors des rencontres contre les sélections majeures.
Bien sûr, Deschamps n'est pas le sélectionneur de rêve, ce n'est pas Rinus Michels. On doit cependant reconnaître qu'il a remis de l'ordre dans la maison France. Cependant tout n'est pas maîtrisé: mettre Mbappé en 9 c'est céder au caprice du "produit d'appel" des Bleus. Mbappé est un joueur de couloir, un TGV. Ce n'est pas un buteur de profession. Rapide sur la distance mais pas vif sur un m2. Ce n'est pas Salif Keita.
Jamais Mbappé n'aurait dû jouer les trois derniers matchs de l'EDF parce qu'il est hors de forme. Il n'a plus d'essence. Fais des mauvais choix. On le voit faire des passements de jambes ridicules. S'il continue ainsi, il va faire une carrière de météore.
En France, dès qu'un joueur a bonne presse, il est indéboulonnable alors qu'il faut prendre match après match, et dire il a été bon, mauvais ou couci-couça.
Griezmann ? Il a joué en 9 1/2 comme s'il y avait Giroud devant lui qui jouait en pivot.
Griezmann est un joueur très docile pour un entraîneur, très altruiste. Le contraire de Mbappé. Son but de la tête fut très beau. Un but qui compte, comme celui contre l'Ukraine. Il fallait d'abord être bien placé, puis puis prendre le ballon de la tête, et enfin bien visé avec la force idoine. Ce but-là n'a pas été marqué dans un des matchs bidons qu'il a tant joués grâce à Deschamps qui lui fait confiance quoiqu'il arrive. Griezmann est toujours défendu par Deschamps. Cela le met donc dans de bonnes dispositions. Il est normal que parfois cela lui sourit. Il faut lui reconnaître une grande qualité: il est de bonne volonté, tout le temps. Un élément positif. Il est heureux sur un terrain. Et c'est important d'avoir de bonnes ondes. Griezmann n'a pas le rayonnement de Kopa, de Platini et de Zidane, mais il a fait de gros progrès. Attention ! Bon joueur mais pas grand joueur. Un grand joueur c'est Platini à l'Euro 1984 et Zidane lors de France-Brésil 2006.
Rabiot ? D'aucuns diront qu'il a été décevant. Faux: auteur de la passe décisive. Rabiot c'est du sang neuf, et c'est un repêché par Deschamps, pour une fois ! Le grand Rabiot est à venir. La Juve devrait l'aider à s'épanouir totalement.
La tête de Griezmann fut une tête placée. D'une grande lucidité. La tête fait partie du jeu, n'en déplaise à Wenger qui de son placard doré de la FIFA les estime dangereuses. La tête est un paramètre très important au football. Comment un éducateur peut-il ne pas en tenir compte ? Le football est un sport de duels et de contacts entre joueurs et avec le ballon.
Il ne faut pas demander à l'EDF de Deschamps de jouer comme le Barça de Cruyff.
Deschamps joue pour ne pas perdre. Un but de plus ça suffit.
La signature de Deschamps c'est aussi tous les coups donnés par Kimpembe. Des coups qui font mal mais qui ne sont pas tous sanctionnés. Ruse, roublardise, feinte. Beauté du football. N'oubliez jamais: le football gagne toujours. C'est lui qui compte et non pas tel joueur suffisant ou tel consultant grossier personnage.
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